top of page

L’IA pour faire renaître l’industrie française, entretien avec Pascal Arbault

Comment les entreprises pourraient regagner la bataille du commerce extérieur? Voici des pistes concrètes que nous livre Pascal Arbault, fondateur de la société Davi, qui met l'intelligence artificielle et émotionnelle au coeur de la stratégie de développement des entreprises.

Pascal ARBAULT.jpeg

Attaché à sa terre natale, Pascal Arbault a lancé DAVI en 2000 à Puteaux puis a relocalisé à partir de 2005 son pôle développement à Nevers. Marqué par l’ampleur de la désindustrialisation de sa propre région, il n’a eu de cesse d’innover et d’investir dans la recherche pour limiter sa dépendance et celle de ses clients vis-à-vis des GAFAM.

La mission de DAVI ? Transformer la relation digitale en relation humaine. Son engagement vis-à-vis de ses clients ? Apporter à chacun un avantage concurrentiel certain dans leurs relations clients ou utilisateurs.

Cet engagement que DAVI porte haut et fort, fait partie des fondamentaux de la méthode de relocalisation ITACC 4.0. Aussi, nous avons voulu illustrer concrètement comment il était possible d’utiliser une technologie issue de l’intelligence artificielle pour se démarquer des produits concurrents et se créer un avantage comparatif clair.

Nous donnons la parole à cet entrepreneur de cœur et de conviction, dont le combat quotidien doit être salué en ce qu’il rayonne dans toute sa région qui lui est si chère.

Relocalisations.fr : Avant de parler des solutions que vous pouvez proposer aux industriels, quels sont selon vous, les problèmes auxquels se heurtent les entreprises françaises actuellement ?

P.A : "Le premier problème, auquel de nombreuses entreprises font face, c’est que tout est perçu par le prisme du prix.  La relation purement transactionnelle l’emporte très souvent en France, au point que beaucoup d’entreprises n’ont plus de perception de la notion de valeur. Ce mal est assez franco-français il faut l’avouer - et il s’agit d’une tendance très forte. Trop souvent on fait de la « scalabilité » sur des produits à faible valeur ajoutée.  On fait de la tech pour de la tech, et en se faisant, on perd de vue la notion de service, de vraie valeur ajoutée.

Je vois par ailleurs un second problème c’est celui de la dépendance des entreprises innovantes et des startups aux GAFAM qui ont mis à disposition des outils de développement permettant d’accélérer les mises sur le marché mais qui présentent de très lourds risques, non seulement d’utilisation de nos données mais également de hausse tarifaire. Il faudrait une vraie prise de conscience collective à ce sujet ! Dans mon cas, j’ai décidé de réagir, pour moi et pour mes clients. Aussi, bien que l’hébergement de données ne soit pas mon cœur de métier je vais participer et investir à la création d’un Data center entièrement inscrit dans une démarche environnementale, qui fonctionnera à base de partenariats avec des acteurs locaux et impliquera notamment les agriculteurs pour nous fournir une énergie propre."

 

Relocalisations.fr : Si l’on pense au contexte interne que vous venez de décrire et le fait que la France soit confrontée à une concurrence de pays, soit à bas coût de main d’œuvre, soit à forte densité technologique, que devraient faire selon vous, les entreprises françaises pour se différencier sur le marché ?

P.A "La clé de la réussite c’est de travailler en partenariat et non d’aller en solitaire ! Or cet état d’esprit est trop présent et nous empêche de réussir. Le partage de ressources se fait trop peu !  

L’état d’esprit pour réussir une relocalisation, c’est de travailler groupé, créer de la technologie, accepter d’investir sur des temps longs. Cela impose de remettre en cause notre système de valeur qui est resté soit trop patriarcal, soit purement financier. Il faut retrouver des entrepreneurs capables d’avoir une vraie vision, une mission, des valeurs et surtout de les mettre en œuvre.

Le deuxième aspect, c’est de mieux utiliser la formidable énergie qui se trouve dans les startups !

Les personnes qui sont dans les startups sont à une période de leur vie où ils ont une énergie débordante, une fraîcheur qui permet de voir les problèmes sous un autre angle, des besoins non détectés ! C’est cela qu’il faut valoriser et que les entreprises devraient valoriser. Les startups sont aussi des viviers en ressources humaines qu’il faut aller chercher avant qu’ils ne soient recrutés par les US ou la Suisse."

 

Relocalisations.fr : Avez-vous un exemple d’avantage comparatif que vous avez pu créer pour vos clients ?

P.A " J’invite les lecteurs à consulter notre site où ils sont détaillés mais je voudrais vous donner d’abord celui qui me tient le plus à cœur en ce moment ! Nous travaillons avec un médecin spécialisé sur l’obésité qui malheureusement ne peut voir autant de patients qu’il ne le souhaiterait car il y a peu d’experts et un nombre grandissant de personnes en surpoids. Nous avons donc conçu un assistant numérique qui est véritablement sa doublure. En reprenant ses travaux sur les profils des patients et en développant une technologie basée sur l’intelligence artificielle mais également émotionnelle, ce médecin pourra soigner à présent un nombre bien plus grand de patients sans qu’il n’y ait de dégradation dans la qualité du traitement recommandé ! On dépasse la simple fourniture de traitements médicamenteux pour aller sur des recommandations de types comportementales !

Un autre exemple, c’est une idée que j’ai suggérée à un ami qui relocalise la production de vélos. Celle-ci a été abusivement délocalisée alors que le retard technologique ne semblait pas justifier de telles décisions - surtout lorsque l’on voit le prix du container augmenter ! Pour se distinguer des vélos classiques, je lui ai proposé de mettre un service différenciant en dotant le vélo d’un véritable guide touristique conçu à partir de l’intelligence artificielle."

 

Relocalisations.fr : Selon votre expérience, quelles sont les principales difficultés auxquelles les équipes d’une entreprise doivent faire face lorsqu’elles travaillent avec des entreprises innovantes ou des startups? Que faut-il faire pour que cela fonctionne ?

P.A. "Pour ce qui est des entreprises matures, il peut arriver que la décision de travailler avec une startup ait été prise par un des dirigeants sans avoir vraiment pris le temps de consulter son équipe. Celle-ci arrive donc sans avoir réalisé ce que cette idée impliquait pour devenir un projet concret et tangible : le fait de mal évaluer l’investissement en temps et en moyens financiers peut être un problème dans la suite du projet. Pour que cela fonctionne l’entreprise qui fait appel à une startup doit être très carrée, avec une démarche précise et méthodique. De l’autre côté, la startup doit être « Client first », être proactive à chaque instant et avoir une capacité d’évolution permanente. Notre motto « nous faire aimer des clients de nos clients »

Si l’on passe du côté des startups maintenant, malheureusement la collaboration avec des entreprises matures implique souvent de rentrer dans la logique du POC (Proof of concept). Or celui-ci, en plus de prendre un temps considérable, est souvent sous-financé, les résultats obtenus sont donc souvent décevants. C’est la course aux POCs mais ils sont souvent de mauvaise qualité ! C’est du temps et de l’énergie gâchée car le temps passé aux POCs démobilisent les startups sur ce qui est vital pour elles : la signature de vrais contrats.

Au lieu de cela les entreprises feraient mieux de bien formaliser leur cahier des charges, de passer du temps à clarifier leur expression de besoin, de se donner un budget. Il faut être conscient que l’innovation implique un bureau d’études, une analyse très dense, souvent des budgets de recherche…"

 

Relocalisations.fr : Pour finir, quel message aimeriez-vous faire passer aux Relocalisateurs potentiels ?

P.A : "Cela ne sert à rien de relocaliser en faisant des investissements qui auraient dû être faits il y a 20 ans ! Ne vous demandez pas comment rattraper la concurrence mais comment la devancer pour les dix prochaines années à venir !

 

Tous nos remerciements à Pascal Arbault dont vous pouvez retrouver le réseau d'entrepreneurs ici .

Plus d'informations sur la technologie de DAVI en cliquant ici.

bottom of page